Les invités de la thématique "Portraits"
Arnaud Lambert
Critique, co-réalisateur du film Seul Godard.
Auteur de l'essai Also Known as Chris Marker, consacré à l'œuvre filmique, littéraire et photographique du cinéaste (Point du jour Editeur, 2008), il a publié dans diverses revues de cinéma et collaboré régulièrement avec Images de la Culture (CNC). Il est l'auteur de plusieurs films documentaires dont un essai film inspiré par l'ouvrage Retour à Berlin de Jean-Michel Palmier et, en compagnie de Jean-Marie Barbe, d'un film intitulé Chris Marker never explain, never complain. Il a co-réalisé avec Vincent Sorrel un documentaire consacré à la part la plus secrète et aventureuse de l'œuvre de Jean-Luc Godard, Seul Godard. Il est parallèlement un collaborateur régulier de la plateforme Tënk.
Vincent Sorrel
Co-réalisateur du film Seul Godard
Vincent Sorrel enseigne l’écriture et la réalisation documentaire à l’université Grenoble Alpes où il est responsable pédagogique du master 2 Documentaire de création organisé en partenariat avec Ardèche Images. Co-auteur avec Jean-Louis Comolli de Cinéma, mode d’emploi, De l’argentique au numérique, paru aux éditions Verdier en 2015, il développe une recherche théorique et artistique sur les pratiques cinématographiques à partir de la question de l’outil en réalisant des films sur les gestes cinématographiques de Vittorio de Seta, d'Artavazd Pelechian et de Jean-Luc Godard (avec Arnaud Lambert).
Lydie Matteï
Chargée de programmation à la Cinémathèque de Corse, présente le film Colomba.
Après des études d'histoire de l'Art et de documentation iconographique, elle travaille pour l'ECPA (établissement cinématographique et photographique des armées), l'Institut du monde méditerranéen à Lyon puis dans différents organes de presse avant d'intégrer la cinémathèque en 2005 au service du patrimoine et à la coordination du dispositif "lycéens au cinéma" en région Corse. Elle est chargée de la programmation de la Cinémathèque de Corse depuis 2010.
Pascal Tagnati
Réalisateur du film Belorusskaya
Né en 1982 à Ajaccio, Pascal Tagnati est acteur, auteur, metteur en scène et réalisateur. Au cinéma, il a notamment joué dans les films de Lucie Borleteau (Fidélio), Delphine Leoni (La Nuit est là), Raphael Siboni et Fabien Giraud (The Everted Capital), Antonin Peretjatko (La loi de la jungle), Lavinie Boffy (La Vie ou la Pluie), Jean-Christophe Meurisse (Oranges Sanguines) ; Sur scène, il a joué sous la direction de François Orsoni, pour le collectif Les Chiens de Navarre, Lucie Berelowitsch, Thierry de Peretti, Cristèle Alves Meira et dans ses propres mises en scènes. Pascal Tagnati a réalisé plusieurs films : Bugarach, Les Nymphes de la Punta, Le Fan de Base, La Punta. I Comete, son premier long métrage, a obtenu le prix spécial du jury au Festival International du Film de Rotterdam et a été sélectionné à l’Acid-Cannes en 2021.
Apolonia Sokol
Artiste peintre, héroïne du film Apolonia, Apolonia.
En utilisant l'art du portrait comme outil d'autonomisation politique, les peintures figuratives d'Apolonia Sokol abordent de multiples questions telles que les féminismes, les questions de genre, la représentation des femmes à travers l'histoire de l'art. Née en 1988 à Paris, Sokol est une peintre française d'origine danoise et polonaise. Diplômée de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle a été lauréate de la prestigieuse Académie de France et est devenue l'un des pensionnaires de la Villa Médicis pour 2020-2021. En 2022 HBO & Danish Documentary ont coproduit un documentaire sur son parcours, réalisé par Lea Glob.
Mehran Tamadon
Réalisateur du film Mon pire ennemi
Mehran Tamadon quitte l'Iran pour la France en 1984. Après des études d'architecture, il rentre en Iran en l'an 2000. Il réalise alors cinq films qui questionnent le pouvoir islamique iranien et qui ont été sélectionnés et récompensés dans de nombreux festivals internationaux (Berlinale, Cinéma du Réel, TIFF, Visions du Réel, IDFA, Karlovi Vary…). Dès son premier long-métrage Bassidji, il tente de tisser un lien avec les miliciens du régime iranien, tout en leur affirmant son identité d'iranien athée, de parents communistes. Il prolonge sa démarche avec Iranien où il se confronte à quatre mollahs. En 2023, il termine un diptyque Là où Dieu n'est pas et Mon pire ennemi, où il donne la parole à d’anciens prisonniers politiques iraniens qui témoignent et mettent en scène la torture qu'ils ont subie.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.