Les cinéastes invités de la compétition Nouveaux Talents 2023
Cinq cinéastes et productrices seront présents pendant le festival pour présenter leur film en compétition. Ils seront également conviés à une table ronde afin de participer à une sorte d'état des lieux de la production et de la réalisation pour les jeunes auteurs aujourd'hui.
Table ronde Nouveaux Talents
Depuis maintenant plusieurs éditions, nous réunissons les cinéastes de la compétition Nouveaux Talents pour faire avec eux une sorte d’état des lieux de la réalisation, production, distribution documentaire de l’année. En effet, chacun de ces jeunes réalisateurs, réalisatrices, producteurs et productrices peuvent venir apporter leur expérience de la fabrication du film qui a franchi toutes ces étapes (ou presque) dans l’année précédente. Un passionnant échange sur les conditions qui sont faites aux jeunes cinéastes aujourd’hui.
Avec: Eléonore Boissinot, François Charles, Raphaële Dumas, Carine Ruszniewski, Aliha Thalien.
Samedi 14 octobre 16h30 Ellipse cinéma
Raphaële Dumas
Productrice du film Transfariana
Depuis longtemps habitée par des désirs de cinéma, son parcours s’est construit entre des études de réalisation, des expériences de tournage et d’ateliers de cinéma, puis en 2018 la formation à la production de l’école documentaire de Lussas. Après avoir occupé des places de création que ce soit individuellement ou en collectif, elle s’est rappelée la force qui l’anime lorsqu’il s’agit d’accompagner les créateurs.rices dans leurs démarches artistiques. Aujourd’hui elle est productrice au sein de deux structures de production, Mujō à Marseille et Les Films de la Pépinière à Lussas. Qu’il s’agisse du documentaire ou de la fiction, elle est attirée par des projets intrépides dans leur forme, conscients de leur capacité à raconter des histoires qui nous aident à questionner et habiter le monde.
Eléonore Boissonot
Réalisatrice du film Les sœurs Pathan
Réalisatrice et productrice française de documentaires basée à Marseille. Formée en sciences sociales à la Sorbonne, Paris Nanterre, Jawaharlal Nehru University ainsi qu’à la réalisation aux Ateliers Varan, Eléonore Boissinot a d'abord assisté des chercheurs sur leurs terrains au Liban et en Inde. Elle a cofondé Dryades Films avec Claire Babany et produit plusieurs documentaires primés, diffusés en France et à l’international. Eléonore a appris l'hindi pour développer Les sœurs Pathan, son premier film, qui a remporté le prix Zonta Club à la Semaine de la Critique du Festival International du Film de Locarno.
Carine Ruszniewski
Productrice du film Etat limite
Diplômée de l’European Audiovisual Entrepreneurs, formée chez Agat Films, Carine Ruszniewski produit une vingtaine de films au sein d’une première société, De Films en Aiguille, dont Free Angela and all political prisoners de Shola Lynch. Carine fonde ensuite GoGoGo Films en 2018 où elle produit d’abord des documentaires de création (Ghost Song et Etat Limite de Nicolas Peduzzi ; Soul Kids d’Hugo Sobelman et Golda Maria d’Hugo et Patrick Sobelman). Plus récemment, elle a commencé à produire ses premiers longs métrages de fiction. L’Âge d’or de Bérenger Thouin sera tourné à l’automne 2023 ; d’autres sont en développement. Carine est membre active du SPI où elle défend les intérêts d’un cinéma indépendant.
François Charles
Réalisateur du film OPD
François Charles est né en 1983, à Bastia. Après avoir obtenu son baccalauréat, il passe une année d’échange aux États-Unis, puis s'installe à Paris pour étudier le Cinéma, à l'ESEC, puis Paris 1 Panthéon-Sorbonne, avant de commencer à travailler sur des plateaux de tournage. Depuis 2006, il a travaillé sur de nombreux films pour la télévision et le cinéma, notamment au casting, collaborant avec des réalisatrices et réalisateurs de renom, tout en réalisant ses propres films avant de s’engager en Corse pour les droits LGBT+. OPD est son premier film d’auteur, si bien personnel qu’engagé, qu'il coproduit également.
Aliha Thalien
Réalisatrice du film Nos îles
Née à Paris en 1994, Aliha Thalien est diplômée d’un master de cinéma à la Sorbonne ainsi que d’un DNSAP à l’école des Beaux-Arts de Paris. Ces deux cursus lui permettent de développer une pratique du cinéma, de l’installation et de la sculpture autour de la mémoire et du langage. Son travail a depuis été montré à plusieurs occasions lors de festivals de films internationaux et expositions. En 2019, elle réalise son premier court-métrage Feu Soleil, sélectionné notamment aux Rencontres du Moyen-Métrage de Brive et à La Cabina à Valence.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.