RENDEZ-VOUS DES DOCS
A L'ELLIPSE CINÉMA
A L’ELLIPSE CINEMA LES 23 ET 24 NOVEMBRE
Dans le cadre du festival national « Best of Doc », deux soirées exceptionnelles de reprise de 4 des meilleurs films documentaires de 2018.
Avec le cinéaste Nicolas Philibert et la cheffe-monteuse Dominique Auvray
SAMEDI 23 NOVEMBRE
Samedi 23 novembre à 18h30 Basquiat un adolescent à New York de Sara Driver (78’, Etats-Unis, 2018)
Le film se concentre sur les quelques années qui séparent l’irruption de Basquiat sur les murs du sud de Manhattan de ses premiers succès dans les galeries (1978 à 1981). Productrice, actrice, compagne du cinéaste Jim Jarmusch, Sara Driver a navigué dans le maelström de créativité, et de stupéfiants que fut New York entre 1970 et 1980. Elle a cherché les traces que Basquiat a laissées. Le résultat relève de l’évocation magique, ce qui convient bien à l’art et à la personne de Jean-Michel Basquiat, agitateur politique et fabricant d’icônes vaudoues.
Un buffet sera offert entre les deux séances
Samedi 23 novembre à 21h00 : Madame Fang de Wang Bing (86’, Chine/Fr/All, 2017)
Récompensé en 2017 par le Léopard d’or du Festival de Locarno, Madame Fang est l’un des films les plus âpres du grand cinéaste chinois Wang Bing. On y suit l’agonie de Fang Xiuying, ancienne ouvrière agricole de la région du Fujian, atteinte de la maladie d’Alzheimer. « J’ai filmé une vieille dame en train de mourir dans ce village mélancolique, et les pêcheurs qui tournent en rond pour attraper de petits poissons dans la nuit, explique Wang Bing En Chine cette région est vue comme le paradis sur terre et moi, je la voyais désolée. »
Séance suivie d’un court métrage de Dominique Auvray, A propos de Mrs Fang, où Wang Bing raconte son tournage.
En présence de la cheffe-monteuse Dominique Auvray
DIMANCHE 24 NOVEMBRE
Dimanche 24 novembre à 16h00 : L’île au trésor de Guillaume Brac (97’, France, 2018)
Un été sur une île de loisirs en région parisienne. Terrain d’aventures, de drague et de transgression pour les uns, lieu de refuge et d’évasion pour lesautres.
De sa plage payante à ses recoins cachés, l’exploration d’un royaume de l’enfance, en résonance avec les tumultes du monde.
Une collation sera offerte entre les deux séances
Dimanche 24 novembre à 18h30 : De chaque instant de Nicolas Philibert (105’, France, 2018)
Chaque année, des dizaines de milliers de jeunes gens se lancent dans des études en soins infirmiers, et vont partager leur temps entre cours théoriques, exercices pratiques et stages sur le terrain. Nicolas Philibert, fidèle à son approche cinématographique, observe les gestes, les états d’âme, lesquestionnements de ces jeunes en formation pour esquisser leur rapport et celui de notre société à la maladie, la mort et les corps en souffrance.
En présence du réalisateur, Nicolas Philibert
C’EST DEJA FINI !
VENDREDI 27 SEPTEMBRE A L’ELLIPSE CINEMA D’AJACCIO
FACES A FACES
Réalisés dans la complicité et la confrontation entre filmeur et filmés, Quelle folie de Diego Governatori et Eux et moi de Stéphane Breton avancent au gré de ces collisions existentielles. Deux films qui explosent avec bonheur et intelligence la fameuse distance entre filmeurs et filmés.
18h30 Eux et moi de Stéphane Breton (63’, 2001, Fr/Papouasie)
Depuis quelques années, un ethnologue retourne régulièrement dans un petit village de Nouvelle-Guinée. Il parle la langue de ces habitants, les Wodani et les connaît bien, mais une certaine gêne subsiste entre eux.
On découvre des gens qui ne sont pas plus sauvages que nos voisins de palier et on finit par oublier qu'ils vivent si loin.
Un buffet sera offert entre les deux séances
21h00 Quelle folie de Diego Governatori (86’, 2018,
Fr)
Aurélien est charmant, mais il est tourmenté. Aurélien est volubile, mais il est solitaire. Aurélien se sent inadapté, mais il a tout compris. Aurélien est autiste. Aurélien est atteint du syndrome autistique d'Asperger. Sa parole témoigne d'une certaine difficulté à incorporer les codes qui régissent les liens et les interactions sociales, ce qui l'exclut de ce fait de toute altérité durable. Son chant d'une intensité prodigieuse est tel un miroir tendu vers nous. Diego, son ami, le filme, fait ce film avec lui.
Grand prix FIPADOC 2019/ Prix Corsica.Doc 2018
Séances organisées en partenariat avec
Documentaire sur Grand Ecran,
dans le cadre des Double Jeu.
VENDREDI 5 JUILLET A L’ELLIPSE CINEMA
ROCK’N GIRLS !
L’emprise des femmes sur la musique en deux films. Un premier qui rend hommage à l’explosion des filles dans la chanson, de Piaf à Jeanne Added,
une “ femal rock’n roll attitude “ !
Et enfin, un ciné-concert exceptionnel de la reine de la soul et du gospel:
Aretha Franklin
18h30 Haut les filles !de François Armanet (79’, France, 2019)
Jeanne Added, Jenny Beth, Lou Doillon, Brigitte Fontaine, Charlotte Gainsbourg, Françoise Hardy, Imany, Camélia Jordana, Elli Medeiros et Vanessa Paradis… c’est le clinquant casting de cedocumentaire réalisé par François Armanet et co-écrit avec Bayon.
A travers leur parcours, ces dix chanteuses racontent soixante ans de rock français et, plus particulièrement, comment les femmes ont peu à peu conquis ce milieu hyper-masculin pour le réinventer. Le rock usé, pour renaître, avait besoin d’une mue, de changer de rythme, de peau, de langue, de sexe. Au micro, sur scène ou dans la vie, dix chanteuses charismatiques tourne la page du rock français.
En sélection officielle au festival de Cannes 2019, sort en salles le 3 juillet.
20h30 Amazing grace de Alan Eliott et Sydney Pollack
(1972, 87’, sortie France 2019)
En janvier 1972, Aretha Franklin enregistre un album livedans le New Temple Missionary Baptist du quartier de Watts à Los Angeles. Le disque de ce concert mythique, AMAZING GRACE, devient l’album de Gospel le plus vendu de tous les temps, consacrant le succès de la Reine de la Soul.
Si ce concert a été totalement filmé alors par Sydney Pollack, les images n’avaient pu être montées pour cause de désynchronisation. En 2007, grâce au numérique, Alan Eliott a pu enfin monter le film qui est sorti le 6 juin en France.
Nous pouvons donc enfin découvrir ce film inédit d'un concert exceptionnel et l'incroyable grâce d'une Aretha Franklin en majesté.
VENDREDI 10 MAI A L’ELLIPSE CINEMA D’AJACCIO
LES VOIX DE LA REVOLTE
Du cri de révolte d’une ouvrière en 1968 aux doléances des gilets jaunes, en passant par les chants de lutte des mineurs anglais, quatre films font entendre les voix rageuses, les voix poétiques, les voix politiques des ouvriers.
18h30 La reprise du travail aux
usines Wonder de Pierre Bonneau, Liane
Estiez-Willemont, Jacques Willemont (1968, 10’, France).
Ce matin de juin 1968, les ouvriers de chez Wonder viennent de voter la reprise du travail,
après trois semaines de grève. Une jeune femme crie : "Je ne rentrerai pas !", Autour d’elle, des ouvriers s’attroupent. Les délégués syndicaux, artisans
de la reprise, s’approchent et tentent de la calmer. Un étudiant de passage met de l’huile sur le feu. Il n’en fallait pas plus pour que ce plan séquence devienne un des classiques du cinéma
direct.
Which side are you on ?de Ken Loach (1984, 52’, angl.) La grève des mineurs anglais de 1984 dura plus d’un an. Ils luttaient avec leurs familles pour leur travail, s’opposant à Margaret Thatcher qui démantelait l’industrie du charbon au Royaume Uni. Les mots de la classe ouvrière et les images filmées fusionnent pour révéler poétiquement le terrorisme gouvernemental et patronal contre les travailleurs pour détruire un mode de vie. Le néolibéralisme contemporain s’enracine alors dans l’Angleterre de Thatcher.
20h30 J’veux du soleil de François Ruffin et Gilles Perret (2019, 76’, France)
Avec leur humour et leur caméra, Gilles Perret et François Ruffin traversent le pays: à chaque rond-point en jaune, c'est comme un paquet-surprise qu'on ouvrirait. Qu'est-ce qui va en sortir ? Des rires ou des larmes ? De la tendresse ou de la colère ? De l'art ou du désespoir ? Les deux compères nous offrent des tranches d'humanité, saisissent cet instant magique où des femmes et des hommes, d'habitude résignés, se dressent et se redressent, avec fierté, avec beauté, pour réclamer leur part de bonheur.
Notes sur l’appel de Commercy de Dominique Cabrera (2019, 25’, France)
Le 29 décembre 2018 les Gilets Jaunes de Commercy dans la Meuse lancent un appel sur internet à la première Assemblée des Assemblées des Gilets Jaunes. L'appel est un succès: plus de 300 délégués de toute la France y répondent les 26 et 27 Janvier 2019.La réalisatrice Dominique Cabrera est touchée par la force, le style et la singularité cinématographique de cet appel : plan séquence, une seule prise, frontalité, partage de la parole. Le contraire de la « communication » politique. Elle se rend à Commercy et filme pendant l’Assemblée des assemblées des témoignages sur ses conditions d’élaboration : recherche d'autonomie, absence de hiérarchie, spontanéité, simplicité, acceptation de soi et de l’autre...
JEUDI 28 MARS
ASILE, PRISON, LIBERTE
L’hôpital psychiatrique de Valvert à Marseille ou la prison de Casabianda en Corse sont des lieux d’exception dans leur genre, puisque ces lieux traditionnellement fermés sont ici dits « ouverts ». Deux cinéastes y ont observé la vie quoditienne et débusqué la précieuse singularité humaine subsistant dans ces marges de nos sociétés.
18h30 Valvert de Valérie Mréjen (52’, France, 2009)
Valvert est un hôpital psychiatrique de Marseille
créé au milieu des années 70, dans un esprit d’ouverture et de libre circulation.
Le film, à travers une observation du quotidien, dresse un portrait de l’endroit en mêlant entretiens avec des soignants et scènes de la vie des patients.
Dans une ambiance résolument éloignée du modèle asilaire, cette circulation met en valeur différents comportements de la folie ordinaire.
Un buffet sera offert entre les deux séances, à 19h30
20h30 La liberté de Guillaume Massart ( 146’, France, 2019)
Dans la plaine orientale Corse, Casabianda est un centre de détention très singulier, au sein d’un vaste domaine agricole. Cette prison qu’on dit « ouverte » n’a rien à voir avec les prisons habituelles : à la place des barreaux, des murailles ou des miradors, les arbres, le ciel et la mer…Au fil des saisons, une année durant, Guillaume Massart s’y est rendu afin de comprendre ce que change cette incarcération au grand air. Sous les frondaisons ou sur la plage, la parole des détenus, d'ordinaire passée sous silence, se libère petit à petit...
En présence du réalisateur
SAMEDI 23 FEVRIER
AVANT-PREMIERE DU FILM DE NANNI MORETTI
SANTIAGO, ITALIA
EN PRESENCE DE CARMEN CASTILLO
Parallèlement à ses œuvres de fiction, Nanni Moretti poursuit, via ses documentaires, le portrait d’une gauche en déshérence : celle de sa génération. Dans la lignée de son documentaire La Cosa qui, en 1990, donnait la parole aux communistes italiens en pleine crise d’identité après la chute du mur de Berlin, Nanni Moretti revient sur le putsch militaire par lequel le général Pinochet a pris le pouvoir au Chili en 1973. L’occasion d’un retour nostalgique sur un peuple italien solidaire qui fut alors l’hôte des réfugiés chiliens. En ouverture de cette soirée, c’est le Moretti directeur de salle qui nous réjouit avec un court métrage hilarant sur l’impérialisme du box office !
20h30 Le jour de la première de Close-up de Nanni Moretti (7’, 1995, Ital,)
Ce soir de 1994 dans la salle de cinéma romaine de Nanni Moretti, le Nuovo Sacher, l’agitation est à son comble. Alors qu’il programme Close Up, le chef d’œuvre d’Abbas Kiarostami, sort également Le Roi lion, Quatre mariages et un enterrement, ou encore Speed… Les affres d’un fou de cinéma confronté aux lois du marché!
20h40 Santiago, Italia de Nanni Moretti (80’, 2019, Ital/Fr, vostf) sortie le 27 février.
Après le coup d'État militaire du général Pinochet de septembre 1973, l'ambassade d'Italie à Santiago (Chili) a accueilli des centaines de demandeurs d'asile tentant d’échapper à la prison, à la torture, à la mort. À travers des témoignages et des images d’archives, le film de Nanni Moretti réveille cette période d’espoir socialiste réduite en cendres par la dictature. Puis ces vies en lambeaux des exilés chiliens recueillis par les diplomates italiens puis par un peuple de gauche solidaire. De la nostalgie comme vivifiante piqure de rappel.
En présence de Carmen Castillo, cinéaste, protagoniste du film
qui fut réfugiée politique chilienne en France
Un buffet sera offert après la séance
SAMEDI 26 JANVIER 2019
L'AMERIQUE EN NOIR ET BLANC
Cinquante ans après l’assassinat de Martin Luther King, deux films témoignent de ce que fut et de qu’est encore la lutte pour la justice de la communauté afro-américaine. L’un en retraçant l’itinéraire du leader charismatique. L’autre en suivant les nouveaux militants du Black Power.
16h00 King: de Montgomery à Memphis de Sidney Lumet et Joseph Mankiewicz (182’, 1970, USA, vostf)
Depuis le boycott des bus de Montgomery en 1955 jusqu’à son assassinat le 4 avril 1968 à Memphis, ce documentaire retrace les étapes cruciales de la vie pasteur baptiste King, prix Nobel de la paix en 1964, qui prononça devant plus de 250 000 personnes un discours resté célèbre, commençant par ces mots : « I Have a Dream ». Martin Luther King fut l’une des principales figures de la lutte pour les droits civiques des noirs aux États-Unis, prônant la désobéissance civile et la non-violence. Un formidable portrait signé de deux grands noms du cinéma américain.
20h30 ...The World’s on fire? de Roberto Minervini (122’, 2018, USA/Ital/Fr, vostf)
Un an après la mort d’Alton Sterling, une chronique de la communauté afro-américaine de Bâton Rouge en Louisiane, durant l’été 2017, quand une série de meurtres violents contre de jeunes Noirs agite le pays. Une réflexion sur la question raciale, un portait intime de celles et ceux qui luttent pour la justice, la dignité et la survie dans un pays qui les maintient à la marge. Mais aussi la chronique d’une résistance politique des militants Black Power, héritiers du mouvement Black Panthers.
Suivi d’un skype avec le réalisateur (sous réserve)
Une exposition photographique sur Martin Luther King sera installée du vendredi 25 au dimanche 27 janvier dans le hall de l'Ellipse cinéma.
C’EST DEJA FINI !
DOC & DOC
A L'ESPACE DIAMANT
VENDREDI 24 MAI A L’ESPACE DIAMANT D’AJACCIO
SOIREE HOMMAGE A AGNES VARDA
Soirée d’hommage à Agnès Varda, disparue le 29 mars 2019, avec deux de ses films, dont le dernier, une leçon de cinéma, un autoportrait qui est aussi un au revoir !
18h30 Les glaneurs et la glaneuse d’Agnès Varda (2000, 82’, France)
Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et glaneuses, récupérateurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessité, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d'autrefois qui ramassaient les épis de blés après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c'est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif. La curiosité n'a pas d'âge. Le filmage est aussi glanage.
20h30 Varda par Agnès (2019, 115’, France)
Le documentaire d’Agnès Varda se concentre sur son parcours de réalisatrice, offrant un éclairage personnel sur sa démarche de création qu’elle appelle la "cinécriture". À travers ses Leçons de cinéma et conférences entre Paris, Pékin et Los Angeles, cette fascinante conteuse nous propose une incursion dans son univers, l’opportunité pour elle de continuer à semer des désirs de cinéma. Un dernier film en forme d'autoportrait cinématographique passionnant.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.