LES INVITES DE LA SELECTION
"INDEPENDANCES"
Giulia Montineri
Née à Bastia en 1992, Giulia Montineri fait des études de lettres et d'anthropologie, avec le désir de faire du cinéma. La question du néocolonialisme et des territoires, qui se posait déjà en Corse, devient une obsession universitaire et empirique. Le malaise touristique, un prisme privilégié pour les explorer. Gracias por visitar est son deuxième film.
Malek Bensmaïl
Né à Constantine en 1966, Malek Bensmaïl quitte l’Algérie en 1988 pour se former au cinéma en France et surtout en ex-URSS où il est l’élève d’Alexandre Sokourov. Il filme beaucoup dans son pays, dont Le grand jeu (2004), Aliénations (2004), Contre-pouvoirs (2016) et La bataille d’Alger, un film dans l’histoire (2017).
Ahmed Bedjaoui
Ahmed Bedjaoui est professeur et directeur artistique du festival du film d’Alger. Il est également Président du Fonds d’aide au cinéma algérien. Il a produit et présenté l’émission Télécinéclub qui a été diffusée pendant 20 ans sur la chaîne nationale. Il est l’auteur de cinq ouvrages parus chez Chihab, dont récemment Cinema and Algerian War of Independence.
Aurore Vinot
Photographe et réalisatrice française, Aurore Vinot sillonne le Mozambique depuis plus de dix ans. Passionnée par l'histoire de cette région, elle a étudié le rôle clé du cinéma et du photojournalisme dans ce pays après l'indépendance. La multitude des origines et des parcours symbolise également la palette qui compose ses projets.
Lucie Viver
Après des études d’histoire et de philosophie, Lucie Viver a travaillé comme assistante de production, puis assistante de réalisation. Depuis 2013, elle développe plusieurs projets documentaires et de fiction. Sankara n’est pas mort est son premier film.
Marie Balducchi
Productrice du film soudanais Talking about trees présenté en avant-première à Corsica.Doc, Marie Balducchi travaille au sein de la société Agat Films/Ex Nihilo. Elle a produit nombre de films dont les récents Une jeune fille de 90 ans (2016), Examen d’état (2014).
Ugo Casabianca
Ugo Casabianca vit et travaille entre Paris et la Corse. Après des Études d’Histoire de l’art, puis de cinéma, il a été assistant mise en scène sur des courts et longs métrages. En 2017, il intègre l’Atelier documentaire de la Fémis, puis participe à des commandes photographiques et vidéo avec les Ateliers Médicis.
Vanina Bernard-Leoni
Vannina Bernard-Leoni aime à papillonner entre les disciplines et les projets qui lient création et réflexion. Elle a notamment créé la revue transculturelle Fora ! et dirige aujourd'hui le Pôle Innovation et Développement de l'Université de Corse
Julie Perreard
Issue du documentaire, comme monteuse d’abord puis réalisatrice, Julie Perreard multiplie les expériences narratives, empruntant également à la fiction. Se réclamant d’un cinéma poétique et engagé, elle place l’humain au centre.
Safia Benhaïm
Safia Benhaim vit et travaille à Paris. Elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Née en France de parents réfugiés politiques marocains, ses films, entre documentaires et contes fantastiques, explorent les territoires troubles nés de l’expérience de l’exil.
Katia Kameli
Katia Kameli est une artiste et réalisatrice franco-algérienne. Diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Bourges, elle a suivi le post-diplôme le Collège-Invisible à l’École Supérieure d’Arts de Marseille. Son travail a trouvé une visibilité et une reconnaissance sur la scène nationale et internationale et a été montré lors d’expositions personnelles.
Felice D’Agostino (1978) et Arturo Lavorato (1974)
travaillent depuis 15 ans comme réalisateurs, chef opérateurs et monteurs. Leurs œuvres ont reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix Orizzonti à la 68° Mostra del Cinema de Venise et une Mention Spéciale aux Nastri d'Argento 2012.
LES INVITES DE LA COMPETITION
NOUVEAUX TALENTS
Benjamin Bucher
Né en 1991 à Lucerne. De 2008 à 2013, actif dans plusieurs groupes de musique, travaille dans une radio et dans un cinéma. En 2018, diplome BA en cinéma de L’ECAL, l’Ecole cantonale d’Art de Lausanne.
Julie Delavalle
Photograhe – vidéaste, française de 22 ans, ayant étudié à Saint-Luc Tournai puis à Paris 1-Panthéon Sorbonne.
Barbara Erni
Née en Suisse en 1948, collaboratrice de Nicolas Bouvier, assistante au théâtre et au cinéma, metteuse en scène. Depuis quelques années elle se consacre à sa passion pour la photo et le cinéma.
Yves Gellie
Yves Gellie est né à Bordeaux. Depuis 15 ans, il développe un travail plasticien qui le positionne entre documentaire et art contemporain. Après avoir rejoint le laboratoire Lusage à Paris qui étudie les robots sociaux, il réalise son film L’année du robot qui explore les frontières du réel avec notre imaginaire.
Sophie Glanddier
Sophie Glanddier est née dans les années 70. Ses documentaires donnent lieu à des formulations en vidéo-musique et en compositions musicales qu’elle interprète sur acousmonium en concert. Son premier film, Jess vent de face est sélectionné en 2019 à « Filmer le travail » à Poitiers et au festival « La première fois » à Marseille.
Louis Lamunière
Né en 1983 à Sarrebruck, il entreprend de 2004 à 2007 des études de photo et cinéma en Angleterre. En 2008, il s’installe à Paris, réalise de nombreux clips et travaille dans le domaine institutionnel, mais aussi en multipliant des projets d’auteur.
Ambre Lavandier
Après des études à l'Ecole de l'Image d'Epinal et aux Arts Décoratifs de Paris, elle travaille avec le collectif des Yeux de L'Ouïe. Elle découvre la logique de la création documentaire partagée. Aujourd'hui, elle poursuit son travail de réalisation à Caen, à La Demeurée, un lieu collectif croisant les arts, la politique et la poésie.
Enrico Masi
Enrico Masi (1983) est un réalisateur italien et chercheur indépendant. Il développe son travail entre film expérimental, anthropologie visuelle et documentaires de création. Après avoir réalisé de nombreuses vidéos scientifiques, il a réalisé The Golden Temple - présenté à la Mostra de Venise en 2012. Shelter - Adieu à Eden est sorti à Paris en 2019.
Charles Mercier
Né en 1983 à Paris, il débute sa carrière de photographe spécialisé dans l’architecture et le design, le packshot luxe et l’évènementiel. Vivant une partie de l’année à Valencia, c’est cette proximité avec la mer qui l’amène a co-réaliser le documentaire DAR(k)WIN Project.
Florent Morin
Florent Morin est né le 27 novembre 1991 à Courbevoie. Il sort diplômé de l’EMCA en 2015 avec son film Les ruines d’Arcadie, sélectionné au Festival National du film d’animation. Il réalise son premier court métrage Les Songes de Lhomme avec Miyu Productions.
Assia Piqueras
Née en France en 1991, elle intègre le Fresnoy – Studio national des arts contemporains après un Master de cinéma anthropologique et documentaire. Ses films refondent sans cesse un alliage, celui du matériau documentaire et de l'écriture, menant leur effort dans le sens du dépouillement.
Thibault Verneret
Né à Lyon en 1990, il se forme à l’anthropologie visuelle, avant d’intégrer l’École Documentaire de Lussas. Sa pratique filmique, portée par un engagement somatique et phénoménologique, s’intéresse aux formes et aux figures du rebut, dans leurs acceptions physiques et sociales.
Naïs van laer
Naïs Van Laer a été formée à l’École Nationale des Beaux-Arts de Valence , elle a réalisé plusieurs courts-métrages documentaire à fort engagement social et artistique dont Tiers paysage, MétaGame et Vivre avec son Œil.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.