EN AVRIL TROIS FILMS DE NOTRE PROGRAMMATION "NOW FUTURE" DU FESTIVAL 2018 TOURNERONT EN CORSE, MAIS AUSSI SUR LE CONTINENT ET EN LIGNE SUR TENK
No future ou Now future ? C’est par ce petit jeu de mots que l’association CORSICA.DOC introduisait la 12èmeédition de son festival en octobre 2018.Réchauffement climatique, extinction des espèces, contamination
radioactive... l’actualité de ces dernières années nous confronte à l’état catastrophique des relations denos sociétés avec notre planète.Comment
penser et donc agir face à des bouleversements qui nous dépassent?
QUELS FUTURS SE JOUENT AUJOURD’HUI ?
COMMENT LES DOCUMENTAIRES EN ATTESTENT ET NOUS EN ALERTENT ?
Suite au festival d’octobre 2018, plusieurs films de notre programmation seront montrés en avril 2019 en différents lieux sur le continent et en Corse, ainsi qu’en ligne. Et ce, grâce au partenariat entrel’association Corsica.Doc, Tënk (plateforme documentaire en ligne), la Cinémathèque du Documentaire, et l’association Documentaire sur grand écran.
NOW FUTURE / CORSICA TOUR
Le 4 avril au cinéma Le Régent à Bastia à 20h30:
Projection du film Dans les limbes d’Antoine Viviani (France, 85’, 2015, vostf) Ce film est un essai documentaire qui questionne le monde de mémoire auquel nous contribuons tous en numérisant un peu plus chaque jour nos vies et notre environnement. C’est un conte philosophique qui explore les limbes d’Internet comme s’il s’agissait de notre au-delà.En présence du réalisateur. (voir le portrait)
Le 4 avril à la médiathèque du village de Serra di Ferro à 19h00:
Projection du film Le temps des grâcesde Dominique Marchais (France, 2009, 123’).Une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd’hui, à travers de nombreux récits : agriculteurs, chercheurs, fonctionnaires, écrivains… Un monde au centre d’interrogations majeures sur l’avenir.
Le 5 avril à la salle des fêtes du village de Bilia à 19h00:
Projection du film Le temps des grâcesde Dominique Marchais (France, 2009, 123’).Une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd’hui, à travers de nombreux récits : agriculteurs, chercheurs, fonctionnaires, écrivains…Un monde au centre d’interrogations majeures sur l’avenir.En présence du réalisateur(voir le portrait)
Le 6 avril à la médiathèque du village de Sollacaro à 20h00:
Projection du film Le temps des grâces de Dominique Marchais (France, 2009, 123’).Une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd’hui, à travers de nombreux récits : agriculteurs, chercheurs, fonctionnaires, écrivains…Un monde au centre d’interrogations majeures sur l’avenir. En présence du réalisateur.
Le 17 avril à la Cinémathèque de Corse, Porto-Vecchio, à 20h30:
Projection du film Out of the present d’Andreï Ujica(All/Fr/Russie, 96’, 1995, vostf) Mai 1991 : le cosmonaute soviétique Sergheï Krikalev s’envole pour la station orbitale MIR, qu'il va occuper pendant dix mois sous l'œil de quatre caméras. A son retour, l'empire soviétique a disparu, remplacé par la Russie. Pendant le temps de son séjour dans l'espace, une ère s'est éteinte, une autre est née. Le réalisateur relate, en parallèle à l'odyssée de Krikalev, les événements qui ont abouti au putsch de Moscou... En présence du réalisateur
Le 18 avril à la Cinémathèque de Corse, Porto-Vecchio à 14h30:
Master class d’Andreï Ujica, animée par Alice Leroy (chercheuse, enseignante) Chroniqueur de la fin du communisme, le cinéaste roumain Andrei Ujicăest une sorte de maître des horloges de cette deuxième partie du XXème siècle. Sa trilogie, constituée de films d’archives (Vidéogrammes d’une révolution, L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu et Out of the present) en est l’expression qu’il décryptera en compagnie de la chercheuse et enseignante, Alice Leroy. Citant Stanley Kubrick (2001 : l’odyssée de l’espace) et Tarkovski (Solaris) en forme de congé donné à toute science-fiction, Out of the present apparaît comme « une pure capsule de temps lancée au visage de l’humanité – qui croit voir son reflet dans le miroir quand elle regarde la sphère impassible qui lui tient lieu de monde ».
LES REALISATEURS INVITES AU "NOW FUTURE" TOUR EN CORSE
Andrei Ujica:
Né en 1951 à Timisoara en Roumanie, Andrei Ujică devient enseignant en littérature et théorie du cinéma à l'université de Mannheim en Allemagne où il a émigré en 1981. Ce n'est qu'en 1989 qu'il décide de se consacrer au cinéma. Il travaille avec Harun Farocki pour Vidéogrammes d'une révolution, un film de référence sur les rapports entre le pouvoir politique et les médias. Puis il réalise Out of the Presenten 1995. En 2010, Andrei Ujică clôt sa trilogie sur la fin du communisme avec L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu. Le film a été présenté à Cannes, salué par la critique internationale. Il prépare actuellement un nouveau film, The Beatles Project.
Dominique Marchais:
Ancien critique cinéma aux Inrocks, Dominique Marchais est l’auteur d’une trilogie : Le temps des grâces (2009), La ligne de partage des eaux (2013), Nul homme n’est une île (2017). Trois films-essais sur les transformations des paysages ruraux et de la vie paysanne aujourd’hui sous la pression brutale de nos systèmes économiques.
Antoine Viviani:
Producteur, réalisateur et musicien, Antoine Viviani vit entre Paris, l’Island et la Corse. Il a longtemps collaboré avec le cinéaste Vincent Moon et l’artiste contemporain Pierre Huyghe. En 2011, il a réalisé In Situ, un documentaire sur des interventions artistiques en zone urbaine. En 2015, il produit et réalise Dans les limbes, un essai documentaire et un voyage intérieur dans les limbes d’Internet.
DU COTE DE NOS PARTENAIRES:
Sur Tënk : 6 films seront diffusés sur la plateforme documentaire à partir du 17 avril et seront accessibles pendant 2 mois : Climatic Speciesde Christiane Geoffroy, Dans les limbesd’Antoine Viviani,Le coeur du conflitde Judith Cahen et Masayasu,On destruction and preservationde Maija Blafield,Planet sigmade Momoko Seto,Urthde Ben Rivers. Voir le site : https://www.tenk.fr
Dans le 7èmeréseau de DSGE: Le réseau national de l’association Documentaire sur grand écran, partenaire du projet, comprend des dizaines d’associations et salles sur tout le continent dont une dizaine organisera des projections du programme. Voir le site : https://www.docsurgrandecran.com
FESTIVAL DES FILMS DU MAGHREB
TROIS DOCUMENTAIRES RECOMMANDES PAR CORSICA.DOC
Corsica.Doc est partenaire du Festival des cinémas du Maghreb à Ajaccio depuis sa création, en 2017. Le festival se tiendra du 7 au 17 mars 2019 en différents lieux de l’île. Cette année, parmi les documentaires présentés, nous recommandons trois films: Nos lieux interditsde Leila Kilani, VHS Khalouchade Nejib Belkhadi, Des figues en avrilde Nadir Dendoune.
Jeudi 7 mars à 14h (Espace Diamant, Ajaccio):Nos lieux interdits de Leïla Kilani (106’, 2008, Maroc). En 2004, le roi du Maroc met en place une commission pour l’équité et la réconciliation pour enquêter sur la violence d’État durant "les années de plomb". Le film accompagne quatre familles en quête de la vérité.
Dimanche 10 mars à 14h (Espace Diamant, Ajaccio):VHS Kahloucha de Nejib Belkhadi (80’, 2006, Tunisie). Maçon à Sousse, Moncef Kahloucha aime tant le cinéma qu'il réalise des films de genre comme "Tarzan des Arabes". En rigolant, "VHS Kahloucha" raconte le besoin de fiction dans une société pauvre.
Dimanche 17 mars à 17h30 (Salle Carduccia à Prunelli di Fium’Orbu) : Des figues en avril de Nadir Dendoune (58’, 2018, Kabylie/France). Le portrait drôle et bouleversant de Messaouda Dendoune, filmé par son fils Nadir, dans son deux-pièces de l'Ile Saint Denis.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.