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Autour de la projection du film de Marie-Jeanne Tomasi, débat avec la réalisatrice, en présence de producteurs et réalisateurs insulaires.
Débat animé par Yolaine Lacolonge, responsable de Corsica Pôle Tournage.
On l'appelle Aurore de Marie-Jeanne Tomasi (Corse, 1995, 52')
Bastia. Dans ses quartiers sud vit plus de la moitié de la population bastiaise, une population marginalisée avec les dérives habituelles, de délinquance, mal de vivre, acculturation, difficulté d’être…
"On me dit « mais ailleurs c’est pareil », raconte la réalisatrice. Je réponds : -Mais ici, il y a vingt ans, on a eu le rêve le plus beau, le plus fou, celui de revivre ici mieux qu’ailleurs. C’est pour cela que ce film existe... Je peux dire que ce film a traumatisé toute la société corse, raconte la réalisatrice. Débat houleux suite à la projection, demande de censure de la part du maire de Bastia etc… jusqu’à ma participation chez Mireille Dumas pour en parler."
Née le 21/09/53 à Ajaccio, Marie-Jeanne Tomasi vit et travaille à Bonifacio (Corse.) Après des études à Aix en Provence, elle découvre le cinéma, fait des voyages en Italie, et rentre en Corse.
C'est par quelques unes de ses réalisations documentaires qu'elle choisit de se présenter:
- 1982 : Ava Basta ! (maintenant ça suffit), N&B, 21', 16mm. Une femme dans son appartement, dans sa solitude. Une place de village corse sous le soleil d’hiver. Une voix anonyme au téléphone qui dit le désir et se transforme en rumeur, pour lui arracher ce cri à la fenêtre : « ava basta !!! »
- 1988: Dolce vendetta, couleur, 26', 35mm. Un couple dans son quotidien, en Corse. A elle les enfants et la maison, à lui les cafés et les paysages alentours jusqu’à la mer. Légataire de tout un passé de traditions, elle va s’en souvenir pour une étonnante vengeance. (Prix du jury au festival d’Aix-en –Provence).
- 1993: Les coquelicots de l’Acropole. Couleur, 32', 16mm. Retrouvailles en Grèce avec Patricia, pour nos vingt ans d’amitié. Retour à Athènes à Pâques sur les lieux de notre premier voyage. (Prix au festival de Salonique).
- 1995: On l’appelle Aurore. Couleur, vidéo béta/HI8, 52'. Bastia. Dans ses quartiers sud vit plus de la moitié de la population bastiaise, une population marginalisée avec les dérives habituelles, de délinquance, mal de vivre, acculturation, difficulté d’être…
- 1997: Bastia-Transit. Couleur, 28', vidéo-béta/HI8. A la "transit", lieu prévu dans les années soixante pour accueillir provisoirement ceux qui vivaient dans des conditions précaires, aujourd’hui relogés dans les HLM de la cité Aurore, se sont installés les gitans, qui se sont au fil des ans sédentarisés.
- 1997: Algérie mon pays. Couleur, vidéo, 26'. En 1971 arrivent à Zonza (Corse du Sud), 29 familles de harkis. Aujourd'hui il n’en reste plus que quatre. Tenter de rendre compte de ce qu’a été pour eux la vie dans ce village de l’intérieur.
- 2001: Un mauvais jour. Vidéo SP , 52'. A partir de deux faits divers dits « racistes », à Macinaggio et à Santo-Pietro di Tenda, tenter de comprendre et d’expliquer pourquoi en être arrivé là. Les villages sont aussi témoins ou complices ou silencieux…
- 2005: L’ami anglais. Couleur vidéo, 52'. En 1765 James Boswell un intellectuel écossais rend visite à Pascal Paoli, Général de la Corse indépendante. Un livre véritable best-sellers pour l’époque inspire la réalisatrice. Tout comme de l’arrestation d’Yvan Colonna dans le même décor, ainsi que des témoignages d’amis écrivains, qui à leur manière témoignent bien que leur histoire fait partie de l’Histoire.
- 2011: A Vargogna. Un homme dans un village corse, se souvient et dialogue avec son père mort. Sur une scène de théâtre ou dans le village tout n’est que prétexte pour l’utilisation du corse, langue malmenée et responsable du malaise entre père et fils. Ce sera après l’instant de « honte », la langue reconquise et le père enfin compris.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.