Cette année, près de 200 réalisateurs se sont inscrits à la compétition des premiers films. Une compétition de plus en plus internationale. Parmi eux, notre comité a sélectionné 13 films. Trois jurys récompenseront de jeunes réalisateurs parmi les sélectionnés: le prix Corsica.Doc/Via Stella, le prix "jeune public", le prix du public d'Ajaccio.
France, 13'. Un jour d'automne, une Vietnamienne vient jardiner sur la tombe de ses parents. Sa fille la regarde prendre soin du caveau. Elles discutent de la vie, de la mort.
France, 65' Atchinsk, en Sibérie. Dans un immeuble à l’extrémité de la ville, les habitants se croisent, peu enclins à parler de la campagne pour l’élection du prochain président...
Belgique, 38' Nouvelle-Orléans, Louisiane : un jour a suffi pour dévaster une ville entière.Un geste de lui a suffi pour la quitter pour une autre femme.
France, 59'. Je rencontre Marcel. Il est Rom. Je lui plais. Il me dit qu’on va trouver un terrain juste pour nous deux, qu’il construira les baraques et que je serai la chef de la platz.
France/Syrie, 77'. Au seuil de l’âge adulte, les chebabs ont une soif de vivre et d’absolu, mais les choix sont difficiles, quand on est réfugié palestinien dans le camp de Yarmouk, en Syrie.
France, 9'20" Une rencontre avec trois jeunes réalisateurs palestiniens, réfugiés du camp de Deisheh, autour de leur pratique du cinéma. La rencontre se fait via la machine d’enregistrement, une caméra Super 8 Nizo.
De France, 46' Un voyage, une rêverie le long du fleuve Narmada en Inde, entre les mythes du progrès et les mythes du fleuve.
France, 56'. Dans les rues de Rio de Janeiro, Pixote et ses amis s’aiment, se déchirent, dessinent des coeurs et des maisons, mendient, volent, dorment sous la même couverture, chantent, crachent et se jettent dans la mer.
France, 58'. Neot Hakikar est un village israëlien coupé du monde dans la plaine désertique de Sodome. Là se croisent le mythe ancien de Sodome, la désillusion du rêve sioniste, et le travailleur venu de l'étranger.
France, 45'. Trois hommes avancent dans une forêt bruissante, entre tapirs et toucans sur les hauts plateaux d’Amazonie, un médecin va de campement en campement pour soigner les chercheurs d’or et de diamants.
France, 55'. Des photos décolorées et une poignée de souvenirs sont les choses qui restent de l'enfance de la réalisatrice, une enfance marquée par la schyzophrénie de son père.
France, 22'. Arpentant le site de la Bibliothèque nationale de France, deux hommes, assurément liés par un long passé mystérieux, commentent le paysage urbain.
France, 45'. A Ajaccio, non loin du port, au coin d’une rue d’un quartier populaire ignoré des touristes, il y a un bar. Un bar sans enseigne, c’est le bar de Michel.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.