« Enfant, j’ai demandé à mon grand-père : « Qu’est-ce que la vie ? ». Il a réfléchi. « La vie, c’est la tristesse du pays natal ». « Et qu’est-ce que la mort ? ». « La mort, c’est la tristesse de ce paradis perdu ». Ces mots m’accompagnent souvent. Mon grand père était de Svanetie. J’ai suivi mes souvenirs d’enfance et je suis partie dans son pays. Est-ce que Larissa l’Ukrainienne et son rêve de vie en Svanétie, Kafjan et son rêve de mourir loin là-bas de l’autre côté du Caucase, me feront comprendre ses mots ? »
Quitter sa famille à 7 ans, à 12 ans, à 16 ans. Partir en terrain inconnu. Elire domicile devant un magasin, dans un vidéo club, aux abords d’une gare routière. Apprendre à se droguer, à mendier, à voler, à fuir, à se battre, à ne plus avoir peur. Se faire des amis et des ennemis. Intégrer un nouveau monde. S’adapter. Ce film fait, de l’intérieur, le portrait particulier de quelques Bakoroman de Gounghin, un quartier central de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
« Bellevue, dernière séance est l’histoire d’un lieu, d’enfants malades, de familles en souffrance, mon histoire. Bellevue, un centre pour enfant asthmatiques et obèses principalement, dans lequel j’ai + moi-même effectué plusieurs séjours. Ce lieu ne m’a jamais quitté. »
Journée ordinaire d’une rue d’Alger où un film se fait et se défait sous le regard d’une caméra.
Le bonheur simple raconte l’histoire d’un couple qui laisse ses enfants à la campagne pour vivre et travailler dans un bateau sur la rivière Han de Danang (Vietnam)
Apprendre que l’on a un cancer est une épreuve difficile à vivre. Ce film est un essai de dédramatisation, une tentative pour « donner à voir » une vision qui se transforme avec la maladie. En vidéo et animation.
La Belgique, au coeur de l’Europe, paraît pour beaucoup de réfugiés politiques comme la Terre Promise. Mais que faire lorsqu’on est submergé dans un système politique,
submergé de contradictions et d’apathie, et qu’on finit par se retrouver face à face avec l’inverse de la liberté tant souhaitée ?
Second Life, février 2011. Superficie : 2 millions de km2. Nombre d’habitants : inconnu. Je n’y suis jamais allé, mais ça me paraît grand, immense. Ca ne ressemble à rien de ce que je connais. J’ai envie d’y entrer, de faire de nouvelles rencontres. Parler à des gens que je ne verrai peut-être jamais ailleurs. Etre moi-même, tout simplement.
Dans ce qui ressemble à une histoire de fantômes, un étranger se trouve au milieu d’une culture où les morts ne sont pas vraiment morts. De village en village, à travers le Cameroun, les
habitants le conduisent à des fêtes
funéraires où règne la joie.
Portrait d’un homme discret : un ouvrier. Portrait de Marc Coton, père du réalisateur. Echos d’un mutisme chaleureux qui aura jusque là laissé sa famille loin du vacarme de l’usine sidérurgique
où il travaille depuis
trente ans.
A travers trois portraits croisés, voyage au coeur de la peine de mort aux Etats-Unis.
Je suis de Vardenik, un village de la vallée. J’ai pris ma caméra pour accompagner ma famille qui part pour l’estive sur la montagne de Sordarivar. J’ai tourné, il y a six ans, ce film de famille. Mon oncle qui montait vaillamment sur son âne est mort. On ne va plus chercher sur le sommets le foin rempli de fleurs qui parfumait le lait. J’ai revu ces images qui gardent un peu de mon paradis d’Arménie et je vais en faire un film.
« Je me sens mal ici. Cette maison est creuse, vide. Je me sens seule. Je veux partir d’ici. Aller quelque part d’autre, peut-être aller dans un maison de retraite. Làbas, il y a plus de monde, des rencontres, c’est plus humain. C’est fait pour ça la vie, pour faire des rencontres, aller vers l’humain. Les soeurs ont pris l’habitude d’être comme ça, seules. Je voulais vous écrire pour que vous fassiez une lettre à la Supérieure pour que je puisse partir. Pouvez-vous le faire ? Pouvez-vous m’aider ?
Des prairies nébuleuses, des lacs et des forêts impénétrables. Une Alsace brumeuse, 1836 habitants. De l’autre côté de l’océan, les Etats-Unis, Castroville-Texas, 2664 habitants. Un village ordinaire, traversé par une autoroute à quatre voies, bordé de champs brûlés par le soleil. Là-bas, les cow-boys parlent une langue étrange, inconnue de certains, mais essentielle pour d’autres. Des secrets sont partagés. Des liens renoués. Des souvenirs d’antan réveillés. Mais la terre n’a jamais été aussi aride : « priez pour qu’il pleuve ! ». Un miracle n’est pas exclu, mais un cow-boy devrait peut-être quitter sa terre natale pour s’aventurer de l’autre côté.
Depuis vingt ans, Marie-France recouvre son corps de tatouages. Une vie de galère, d’échecs et de souffrance. Marie-France est le portrait d’une autre France.
Ce film, coréalisé, est l’évocation d’un voyage qui commence à Roubaix, passe par Paris, Grenoble, Lussas, Cerbère, jusqu’à Porbou. Le Mémorial Walter Benjamin est à Porbou. En 2003, Isabelle Ogilvie est actrice dans un film d’Olivier Derousseau, Dreyer pour mémoire. C’est dans ce contexte qu’elle transmet une irrépressible envie : « faire du cinéma ». Nous sommes en 2011, un film s’achève. Il figure l’histoire d’une rencontre et d’un malentendu. Rencontre d’un homme et d’une femme qui tentent de vérifier ce qu’égalité veut dire et malentendu à propos du destin des images.
Des agneaux, du feu, des hommes : la célébration des fêtes de Pâques à travers l’élaboration d’un repas dans un monastère bénédictin.
Dans un village du centre du Vietnam, un fermier est également maître de cérémonie lors de funérailles. Il chante pour accompagner l’âme des morts vers le ciel. Les gens d’ici sont nés de la terre, et lorsqu’ils meurent, ils reviennent à la terre. La mort rapproche ceux qui, pendant la guerre, n’étaient pas du même côté.
A bord du Transsibérien, un couple en voyage. Munis de caméras numériques, Joana (Preiss) et Bruno (Dumont) enregistrent leur complicité et leurs déchirements, traquent les faiblesses et les aveux face à un territoire froid et infini. L’occasion de mettre leur amour à l’épreuve de l’isolement, de l’étranger, du cinéma.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.