L’édition 2008 de Corsica.Doc s’est achevée mardi 16 septembre au Palais des Congrès d’Ajaccio par la remise des prix du palmarès de la compétition « Nouveaux talents ». C’est le film de Idrissa Guiro, « Barcelone ou la mort » qui a remporté le prix Corsica.doc, et « Stolen Art » de Simon Backès, le prix « jeune public ».
Durant cinq jours, un public plus nombreux que l’an dernier a découvert les 36 films rassemblés autour du thème « le village et le monde ». Films contemporains et films classiques ont décliné, chacun à sa manière cette déflagration de l’espace de vie, du mode de vie et de communication des hommes. Le public ajaccien a pu rencontrer les cinéastes Nino Kirtadze, Miguel Gomes, Jean-André Fieschi et Luc Moullet.
Seize premiers films, sur les 110 reçus par Corsica.Doc, étaient en compétition.
- Le jury « Corsica.Doc », présidé par le cinéaste Luc Moullet, a décerné le prix du « Premier film » au réalisateur Idrissa Guiro pour son documentaire « Barcelone ou la mort ».
- Le jury « Jeune public », composé de trois étudiants et lycéens corses, a décerné le prix du « Premier film » au réalisateur Simon Backès pour son documentaire « Stolen Art ».
France, 49', couleur, Betanum, STF Production Simbad film
D'une banlieue de Dakar partent vers l'Europe de fragiles bateaux, dont les passagers risquent de disparaître sous les eaux de l'Atlantique. La pêche locale est en faillite, le pays peine à offrir un avenir à ses jeunes. Dans chaque famille, quelqu'un rêve de partir, à tout prix
Belgique, 57 mn,20o8,couleur et NB.Beta SP, production Le parti production Distribution CBA
Sous forme d'enquête, à la recherche d'un peintre copiste disparu, de New York à Saint Pétersbourg, en passant par Prague et Rome, une réflexion sur l'art et les artistes, le vrai et le faux...
Né en 1937 à Paris, Luc Moullet fut critique aux Cahiers du Cinéma de 1956 à 1960. Il a également publié un livre La politique des acteurs. Cinéaste, il a réalisé une trentaine de films. Entre autres: Un Steak trop cuit 1960, Brigitte et Brigitte 1965, Une aventure de Bitly le Kid 1970, Ma Première brasse 1981, Essai d'ouverture 1988, la Cabale des oursins 1991, Parpailto 1992, Foix 1994, le Ventre de l'Amérique 1995, Le Système Zsygmondy 2000, Le Prestige de la mort 2005.
Productrice dans la société Agat Films/Ex Nihilo, Marie Balducchi a collaboré à de nombreux documentaires de long-métrage dont les plus récents : 800 km de distance (Claire Simon en 2ooiJ, ymi pour deux (Joseph Cesarini et jimmy Gtasberg, 2006), Jour après jour (de Jean-Daniel Poliet et Jean-Paul Fargier, 2006). Parmi les documentaires qu'elle a produits pour la télévision ces dernières années : RaviShankar - entre deux mondes (MarkKidel, 2002) Voyage en Compagnie de Peter SeSlars (Mark Kidel, 2007), Martial Solal (Michel Follin, 2008}, Elle produit actuellement Vivant !, le deuxième long-métrage de fiction du réalisateur albanais Artan Minarolli.
Conservateur du patrimoine, Directrice du Fonds Régional d'Art Contemporain de la Corse. Universitaire (histoire de l'art et arts plastiques). Commissaire d'expositions dont l'une des dernières manifestations se déroule cet automne : Manda e Terra, au musée de Nuoro en Sardaigne
Graphiste de profession, Jean-Pierre Savelli a créé en 2006 la filiale « Film d'animation du Studio Savelli Production. Il participe de la promotion des arts visuels dans l'association Movita. De 1990 à 1993, il a participé à la sélection de courts métrages pour le Festival Méditerranéen de Bastia et au Festival Cinéma et Arts plastiques avec le CNAP. (Centre National des Arts Plastiques). Depuis 1992, il collabore au Festival du film de Lama.
Comédienne, elle a suivi le Cours Florent de 1998 à 2001 puis elle fonde sa compagnie en 2002 "Les Désespérantes Idiotes" à Monticello. Le premier spectacle créé est la pièce de Jean-Luc Lagarce J'étais dans ma maison et/'attendais que le pluie vienne. Elle a joué au cinéma dans Le silence d'Orso Miret 2003, puis dans Cortex de Nicolas Boukhrief 2006. Elle écrit étgale-ment : Vie et Mort d'une Parole Ordinaire 2003. Le dernier projet de sa Compagnie est la création d'un de ses textes : £f Nos Corps Si Capables Se Mirent à Danser mai 2008.
Responsable de la production à France 3 Corse depuis 2004. A réalisé plusieurs courts métrages dont // était une fois dans l'Ouest de ta Corse, et Assassins en 2008.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.